Sous les yeux

Sous les pas pressés, bien plus bas que l’horizon d’un regard ignare, la pierre gémit,
elle garde en son sein la mémoire des orages,
les brûlures du soleil, les confidences des mousses,
et s’offre pourtant, docile, au fardeau quotidien
de ceux qui l’effleurent sans la voir.

Rien n’égale la tiédeur d’une pierre qui, même sous l’obscurité tombée, conserve l’ardeur du jour.
Ton austérité, parfois, s’adoucit sous l’étreinte d’une mousse ; tu te courbes pour offrir asile à l’arbre qui s’enracine, tu te fissures pour révéler la marque de la contrainte.
Tu ne rêves point de gloire, ni de soleil éternel, ni d’horizons mythiques comme la Route 66. Pourtant, qu’importe : ton destin est d’accompagner humblement mes pas d’anonyme, et c’est là ton plus noble éclat.